Brabham n'est plus

Ça y est, une légende s'en va. Le plus vieux et ancien champion du monde vivant à ce jour n'est plus de ce monde.

RIP

Dans les grandes légendes en vie, ne reste que Stirling Moss.

On le savait diminué depuis quelques années... J'avais acheté récemment son autobiographie Quand le drapeau se lève.

Je suis sincèrement triste.

 

Une étoile s'en est allé...

Loyola a écrit:

RIP

Dans les grandes légendes en vie, ne reste que Stirling Moss.

Peut-être à un degré moindre, mais je trouve que John Surtees et Dan Gurney auraient aussi droit à ce titre.  

Effectivement   

Qu'est-ce qui sépare selon vous les légende d'antan avec les pilotes anciens-modernes tels que Prost, Lauda, etc. ?

Car je peux comprendre pour les pilotes actuels qui ne vivent pas dans le danger constant, ni dans l'amateurisme des débuts mais cela semble s'appliquer dans une certaine mesure aux années 70 voire 80.

En vrac, je dirais que ce qui les sépare, c'est:

- L’éclectisme: Fangio, Moss, Brabham, Gurney etc... courraient dans presque toutes les disciplines, une pratique qui a déjà beaucoup diminué dans les années 70 et quasi disparu dans les années 80, parce que cela coïncide avec la professionnalisation.

- Quand on lit des livres sur la Formule 1 écrits au milieu des années 70, déjà on y parle du "bon vieux temps", de l'âge d'or des années 50 etc... Parce que les grands pilotes de cette période sont déjà des grands professionnels. Jackie Stewart a révolutionné son sport en étant à la fois pilote et hommes d'affaires. S'il courrait rarement en dehors de la Formule 1 (après 1969), il vadrouillait à travers le monde pour la promotion de ses sponsors. Cela lui a valu beaucoup de critiques car il était accusé de dénaturer le sport. Il y a vraiment un avant et un après Stewart dans l'histoire des pilotes. Et après lui Niki Lauda n'avait rien de glamour. C'était un ordinateur centré à 100% sur la compétition. Et déjà l'obsession de la sécurité était présente.

- Car, c'est le dernier point qui me vient à l'esprit, si le danger est toujours présent dans les années 70 et 80, il ne fait que diminuer. A partir de la saison 1970, de grandes mesures sont prises en faveur de la sécurité des pilotes et des spectateurs. Cela va prendre beaucoup de temps (30 ans environ) avant qu'elle atteigne une efficacité optimum, mais les progrès sont malgré tout considérables, surtout après l'arrivée de Jean-Marie Balestre à la tête de la FISA en 1978.

Du coup, par contraste, il est frappant de voir que ce sont les pilotes qui n'entraient pas dans le nouveau moule, qui demeuraient des "gentlemen drivers" ou possédaient des personnalités fortes et atypiques, qui demeurent si présents dans le souvenir et constituent des légendes. A cela s'est ajouté un destin presque fatalement tragique. D'où les "légendes" de Jochen Rindt, Ronnie Peterson, James Hunt et Gilles Villeneuve.

Mais à mon sens, ce ne sont pas les mêmes types de légende que les Nuvolari, Fangio, Ascari etc...

Dans ce cas, tu peux aller jusqu'à quasi le milieu des années 90, jusqu'à Senna...

Senna restera le dernier héros de la F1, après il n'y a plus que des tacherons   

Le 1° Mars 1994 c'est aussi la mort symbolique d'une certaine forme de F1.

Senna reste et restera la dernière idole de Formule 1, et pas uniquement par sa fin tragique. Après lui, qui ? Personne si l'on se place dans l'argumentation de Tony...

Je ne pense pas qu'il puisse encore y avoir de héros dans une société dévirilisée et formatée comme la nôtre, mais pour en rester à la F1, l'instauration d'un permis à points, pour anecdotique qu'il soit, apparaît quand même comme un symbole fort du déclin de ce sport. Ce qui n'empêche pas que les pilotes actuels soient des types formidables, mais il est impossible de considérer l'époque actuelle à l'aune des critères d'il y a 40 ans. Ce n'est plus le même monde, et ce n'est plus le même sport.

Je les souvent dit, le goût pour la F1 contemporaine relève de la nécrophilie.

greencreeper a écrit:

Senna reste et restera la dernière idole de Formule 1, et pas uniquement par sa fin tragique. Après lui, qui ? Personne si l'on se place dans l'argumentation de Tony...

...Montoya...Räikkönen...

A son époque, Jack Brabham n'était pas un "flamboyant", au contraire d'un Moss ou d'un Clark.

On peut dire de lui que c'est un "laborieux qui a réussi", et bien réussi, comme pilote et comme constructeur.

Souvenir personnel, il était présent au premier GP auquel j'assistais, celui de Casablanca 1958, et il avait fini à 4 tours, premier des F2 engagées. Autrement dit, on ne l'avait pas vu de toute la course, presque anonyme qu'il était encore... avant de gagner le championnat l'année suivante !

Yoschurri a écrit:

...Montoya...Räikkönen...

Soyons sérieux.

Pour reprendre les propos de Tony... Tu évoques notre société "dévirilisée" et "formatée", sans toutefois aller plus loin pour te centrer -à raison- sur la F1.
Sauf que nous sommes obligés de contextualiser l'image et la place de notre sport fétiche (à tendance nécrophile) à l'aune de la société dans laquelle nous nous trouvons. C'est elle qui emporte tout (et les rires des enfants), et qui a contribué à façonner tous les sports à son image. La Formule 1 ne pouvait pas faire exception.
Il n'y a qu'à se pencher un instant sur la judiciarisation à l'extrême de la F1, qui est la suite logique de la prise de pouvoir des grands industriels en son sein. Cette judiciarisation est présente dans toutes les couches de notre société, et il est tout à fait compréhensible, par conséquent, qu'elle occupe une place prépondérante en Formule 1.
Notre "culte" des héros passés (et qui ne sont plus, à mon sens, présents depuis l'ère "post-1994") reflète notre nostalgie collective d'un référentiel de valeurs qui a été enterré une fois de plus avec le passage de vie à trépas de Jack Brabham et de tous ceux qui l'ont précédé !

Après il est normal qu'une pénalité qui tombe sur une écurie ou un pilote pour un fait X soit répété pour un cas similaire envers un autre pilote/écurie.
Cela n'est pas, selon moi, tueur du sport, ça rétablit une certaine équité de traitement.

Par contre le moindre fait et geste peut être sanctionné, et ça c'est moins bien mais pas forcément une conséquence directe de notre société vis à vis de la justice mais plutôt vis à vis de la sécurité (on veut éviter les accrochages donc on sanctionne les dépassements ratés, même quand il n'y a rien eu de mal).

Ne restent plus, depuis les disparitions de Froilan Gonzales et de Roy Salvadori, que Stirling Moss ou Tony Brooks, pour représenter encore la fabuleuse époque des F1 2,5 L !

Renault a écrit:

Par contre le moindre fait et geste peut être sanctionné, et ça c'est moins bien mais pas forcément une conséquence directe de notre société vis à vis de la justice mais plutôt vis à vis de la sécurité (on veut éviter les accrochages donc on sanctionne les dépassements ratés, même quand il n'y a rien eu de mal).

La société baigne dans le judiciaire à outrance. Dans ce cadre, les grands groupes industriels et financiers ne ratent pas une seule occasion de saisir la justice dans le cadre de leur conquête des marchés et de leur image à destination du grand public et des entreprises.
Dès l'instant où ils investissent énormément en Formule 1, il est logique qu'ils comptent récupérer un "retour sur investissement" maximal. Tout est alors prétexte pour saisir les autorités judiciaires compétentes, que ce soit au niveau de la réglementation technique, sportive ou commerciale.
La sécurité n'est qu'un drap qui recouvre pudiquement beaucoup de facteurs bien plus importants pour les investisseurs.

kiwideux a écrit:

Ne restent plus, depuis les disparitions de Froilan Gonzales et de Roy Salvadori, que Stirling Moss ou Tony Brooks, pour représenter encore la fabuleuse époque des F1 2,5 L !

Holy gosh, Tony Brooks !   

Jack était effectivement un "laborieux", et ses titres ont été obtenus à chaque fois que la F1 perdait en cylindrées et qu'il avait la bonne idée de conduire la petite voiture la plus agile (là où les autres fantasmaient encore "puissance").
Ceci dit, sa dernière saison, 1970, était assez belle, surtout les premiers GP (Espagne, Monaco, ...) où il a largement montré ses dents de vieux loup et est passé près de la victoire assez souvent. Jusqu'au sursaut des Ferrari (la magnifique 312 B), il était pratiquement le seul à pouvoir résister face à la Gold Leaf Lotus 72 de Joechen Rindt.