Peterson a écrit :
"Dans le topic "Boîte à questions" (forum d'"HIER"), il est actuellement question de la saison 1988, et des rapports entre Prost et Senna, rapports qui créent évidemment un prestigieux précédent à l'heure où ceux-ci se retrouvent naturellement ravivés par l'actualité !
Il serait bon que tu viennes y apporter ta contribution, en particulier pour y défendre la position du pilote français, lequel fut assez vivement critiqué à l'époque pour s'être volontairement retiré du GP de Grande-Bretagne et pour avoir instillé le doute quant à la parité d'exercice des décisions des motoristes japonais de Honda ...
Bien à toi ,"
RGS a écrit :
"Bonsoir Ronnie
Il faudrait que je passe lire mon courrier plus vite !
Comme le jeune et valeureux mamboo a émis dans le topic en question un nouveau post le 07 août afin de faire machine arrière, je préfère ne pas répondre sous la forme de post public dans le topic mais plutôt par voie de MP ici même.
Prost et Senna n'exerçaient pas vraiment le même métier puisque Prost pilotait des monoplaces tandis que Senna pilotait des biplaces dont un siège était dévolu à Dieu en personne, ce qui n'était pas sans conséquence en matière de prise de risque sous forte pluie.
L'une de mes marottes consiste à rappeler que c'est l'arrière de la Renault de Prost que Pironi a heurté à Hockenheim et il n'est pas possible que Prost n'ait pas été marqué à cette occasion par le coup de pied aux fesses qu'il a dû subir et par l'ampleur des blessures infligées à Pironi. Dans ces conditions, on comprend mieux son aversion pour les courses où les pilotes manquent de visibilité. Pourtant, Prost a déclaré qu'il aimait piloter sous la pluie et je suis enclin à penser que la fluidité de son style de pilotage pouvait y faire merveille.
Dans le topic sont évoqués les abandons de Prost en Angleterre en 1988 et de Lauda au Japon en 1976. On peut ajouter l'abandon de Prost à Adelaïde en 1989 et son insistance à ce que la course soit interrompue à Monaco en 1984. Pour moi, cela signifie que Prost avait le courage de ses opinions et qu'un pilote de son calibre procédait comme il l'entendait quand la question se posait de savoir s'il ne valait pas mieux abandonner, de sorte qu'il ne se souciait alors guère du qu'en-dira-t-on émanant de personnes qui en savaient nécessairement moins que lui quant à la conduite à tenir.
A part ça, tu mentionnes dans le topic que Senna a enchainé quatre victoires successives sur Prost en 1988 qui peuvent s'expliquer par un coup de pouce de Honda en faveur du Brésilien. C'est possible mais c'est peu probable à mes yeux au cas particulier. J'ai en effet le souvenir que Senna avait endommagé une McLaren en essais et que cette voiture avait été réparée avant d'être confiée à Prost comme voiture de course. Or, il s'est avéré par la suite que la réparation n'avait pas permis de remettre la voiture complètement d'aplomb et c'est ce loup inconnu de tous qui avait empêché Prost de contrer Senna. Quand, au bout de quatre insuccès, le Français s'est vu confier une nouvelle coque, il a repris sa marche en avant en s'imposant à nouveau le plus souvent face à Senna mais c'était un peu tard dans la lutte pour le titre 1988.
De cela, il résulte que Prost a été un temps désavantagé par McLaren et non par Honda et que, surtout, c'était involontaire et même inconscient.
Il est exact qu'il n'en a pas toujours été ainsi et il est par exemple notoire que Honda fournissait des moteurs turbo-compressés dont l'emballage portait la mention Senna sans qu'il y ait eu symétriquement des moteurs réservés à Prost. Pour être honnête, il est difficile d'en tirer des conclusions définitives dans la mesure où cette politique discriminatoire du motoriste a peut-être été à l'origine d'abandons assez nombreux pour coûter à Senna le titre 1989. "